Le cancer de la prostate est le second type de cancer le plus fréquent chez les hommes et qui cause de nombreux décès tous les ans. Dans des cas très fréquents, ce cancer demeure asymptomatique. Très peu de porteurs éprouvent des symptômes particuliers, permettant de le détecter à l’avance. Par ailleurs, parmi les différents traitements adoptés pour bloquer la prolifération des cellules cancéreuses, très peu restent réellement efficaces. La combinaison de plusieurs méthodes est souvent de mise.
Heureusement que la quête de nouvelles solutions pour remédier à ce problème se poursuit. Le resvératrol, stilbène à effet antioxydant présent surtout dans la vigne et la plupart des baies, est progressivement remplacé par le ptérostilbène. Des recherches scientifiques ont indiqué que ce composé est capable de bloquer le développement du cancer de la prostate à un stade non encore avancé. Ces deux antioxydants présentent des actions similaires, mais le ptérostilbène est connu jusqu’à présent comme étant le seul qui soit plus opérant dans ce domaine.
Comparaison des actions du ptérostilbène et du resvératrol sur la prostate
Le ptérostilbène, tout comme le resvératrol, est un polyphénol de la classe stilbène. Ces deux phytoalexines se diffèrent par leur structure chimique. Le premier composé possède deux groupes méthoxy, au lieu de groupes hydroxyles phénoliques comme celui du polyphénol.
En tant qu’antioxydants, ces deux composés chimiques sont aptes à intercepter les radicaux et briser leur chaine de réaction, puis les piéger afin de limiter leurs dégâts sur les cellules. Les groupes hydroxyles phénoliques du resvératrol fournissent des hydrogènes H aux radicaux libres, et les neutralisent sous une forme d’hydroxydes. Ce polyphénol est, cependant, moins stable que le ptérostilbène qui présente à la fois une meilleure stabilité et une capacité d’absorption appréciable.
Essentiel à la prévention et la lutte contre le cancer de la prostate, le ptérostilbène a le pouvoir d’influer négativement l’activité du MTA1, ou Metastasis-associated protein. Le MTA protéine est connu pour contrôler et modifier certains processus biologiques au sein de l’organisme, entre autres en modulant l’expression des gènes ; ce qui favorise le développement des cancers. Le ptérostilbène est bien plus efficace pour contrôler et traiter un cancer de la prostate métastatique que le resvératrol. (1)
Il a été aussi constaté que le resvératrol est doté d’une faible biodisponibilité, par rapport à son compère, le ptérostilbène. Ce polyphénol est métabolisé trop rapidement, une fois ingéré dans l’organisme ; ce qui réduit considérablement son impact sur le MTA1. Ces découvertes sur l’incapacité du resvératrol à venir à bout d’un cancer de la prostate ont réellement déçu les chercheurs. Le ptérostilbène a su toutefois susciter de nouveau l’intérêt des scientifiques sur l’utilisation des stilbènes dans le traitement des cancers.
Comment le ptérostilbène peut-il lutter contre le cancer de la prostate ?
En plus de bloquer l’activité du MTA1, le ptérostilbène peut aussi inhiber la croissance, la prolifération et la métastase des tumeurs de la prostate. L’importance des effets du ptérostilbène sur le MTA1 implique des dérégulations de la voie PTEN/AKT, qui est liée au MTA1. La voie de signalisation AKT est mieux connue pour favoriser le développement des tumeurs, tandis que le PTEN s’oppose à cette voie. Pour rappel, le PTEN est un gène fortement impliqué dans le contrôle des tumeurs, en empêchant les cellules de se diviser anormalement et de manière incontrôlée, ainsi que de réguler le cycle de leur division. Diverses expérimentations ont permis de constater que lorsque le PTEN est réduit, comme tel est le cas observé dans le cas d’un cancer de stade avancé, la voie AKT est en mesure d’encourager le développement de la tumeur.
L’usage du ptérostilbène vise alors à inhiber le MTA1 afin d’empêcher la réduction du PTEN, tout en veillant à garder la voie PTEN/AKT intact et de bloquer la croissance du cancer de la prostate. Il faut noter que, un niveau trop élevé de MTA1 risque d’entrainer des inflammations, de stimuler davantage le développement des tumeurs, et de produire de nouveaux vaisseaux sanguins qui ne feront que les nourrir. Le MTA1 empêche, par ailleurs, la destruction des cellules cancéreuses, malgré l’adoption de différents traitements.
Après plusieurs observations réalisées par les chercheurs, ces derniers ont conclu que la meilleure manière de traiter le cancer de la prostate est d’inhiber le MTA1 avec le ptérostilbène.
Ce qu’en pensent les scientifiques
Pour tester l’efficacité du ptérostilbène à rétablir le niveau de PTEN, des chercheurs ont mené des expériences sur des rats âgés de huit à dix mois, ayant une affection précancéreuse (2). Les sujets étaient départagés en deux groupes, dont l’un consommait une certaine dose de ptérostilbène au quotidien, et l’autre a subi une injection de cette substance. Résultats, une importante amélioration de la santé des individus des deux groupes a été constatée. Cependant, une trop grande accumulation de ptérostilbène a été remarquée au niveau de la prostate de ceux du second groupe.
Le dosage utilisée lors de cette étude a été de 100mg/kg. En prenant en compte les directives de la FDA (3) sur l’extrapolation des doses inter-espèces, la dose humaine en ptérostilbène doit être dans les 8 mg/kg, soit 560 mg pour une personne de 70 kg.
Un autre groupe de chercheurs a essayé de déterminer si les effets du ptérostilbène sur les cancers étaient similaires à ceux du resvératrol (1). En comparant les deux substances, ces scientifiques ont découvert que ces polyphénols sont tous deux opérants sur le cancer de la prostate, mais que le ptérostilbène demeure toutefois plus efficace. Ils ont conclu que la prise de ce composé sous forme de complément alimentaire est une alternative naturelle aux traitements conventionnels de ce type de cancer.
Références :
(1) PLoS One. 2013;8(3):e57542. doi: 10.1371/journal.pone.0057542. Pterostilbene acts through metastasis-associated protein 1 to inhibit tumor growth, progression and metastasis in prostate cancer.
(2) Oncotarget. 2016 Mar 1. doi: 10.18632/oncotarget.7841. Dietary pterostilbene is a novel MTA1-targeted chemopreventive and therapeutic agent in prostate cancer.